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Que dit le lobby pro-israélien au sujet de cette résolution?
Pour briser les mythes
Le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) est un groupe lobbyiste pro-israélien qui mène actuellement une campagne pour délégitimer cette résolution, et par la même occasion, semer la discorde dans les rangs du NPD. CIJA a récemment envoyé une lettre au chef du NPD, Jagmeet Singh, pour lui demander de s’opposer à cette résolution.
Dans les prochaines semaines, vous verrez peut-être le CIJA ou d’autres groupes aux vues similaires sur les médias sociaux insister sur la nécessité de battre cette résolution. Vous trouverez ci-dessous certains des mensonges les plus fréquemment répétés par les partisans pro-israéliens de la définition fonctionnelle de l’antisémitisme utilisée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), ainsi que nos réfutations de ces faussetés.
Le CIJA est une organisation particulièrement conservatrice et ne devrait pas être considéré comme un intervenant légitime dans les affaires internes du NPD et les débats politiques au sein du parti.
Ce que prétend le CIJA : On ne peut pas combattre l’antisémitisme sans d’abord l’identifier correctement.
Notre réponse : L’inclusion des critiques vigoureuses d’Israël, y compris le fait d’accuser Israël de racisme, dans une définition « correcte » de l’antisémitisme est largement contestée. Chaque manifestation particulière d’antisémitisme appartient à un contexte précis et doit être évaluée à savoir si oui ou non la haine anti-juive en est effectivement un facteur. Même l’Anti-Defamation League, aux États-Unis, souligne qu’elle prend bien garde de ne pas « confondre les critiques générales d’Israël ou le militantisme anti-Israël avec l’antisémitisme ».
Ce que prétend le CIJA : Une résolution sera présentée à l’assemblée par des membres de la « gauche marginale » (fringe left).
Notre réponse : L’appui aux droits de la personne de la population palestinienne au sein du NPD est massif. La résolution « NON à l’IHRA » n’est pas portée par une « gauche marginale », mais par une vaste coalition comprenant l’ancien chef adjoint et plusieurs militant·e·s de longue date du NPD. De plus, la résolution a déjà été adoptée ou endossée par près de 50 associations de circonscription ainsi que par de nombreux syndicats représentant des milliers de Canadiens et de Canadiennes. Plus largement, l’opposition à la définition de l’IHRA a été exprimée par plus de 600 universitaires canadien·ne·s , 15 associations facultaires et syndicats universitaires, l’Union des Associations des professeur·e·s des Universités de l’Ontario, l’Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique, le Congrès du travail du Canada et la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants. Kenneth Stern, le principal auteur de la définition de l’IHRA, a lui-même déclaré que la définition est instrumentalisée (weaponized) par des groupes juifs de droite pour réduire au silence des discours légitimes au sujet d’Israël et du sionisme.
Ce que prétend le CIJA : Le fait de rejeter la définition de l’antisémitisme proposée par l’IHRA revient à refuser à la communauté juive le droit de définir elle-même l’oppression qu’elle subit.
Notre réponse : Il n’existe pas de consensus entre les Juifs et les Juives au sujet de la définition de l’IHRA de ce qui constitue de l’antisémitisme. Malgré ce que certains prétendent, le CIJA ne représente pas l’ensemble de la communauté juive. Des sondages récents confirment que près de la moitié des Juifs et des Juives au Canada n’ont aucune affiliation avec la communauté juive institutionnalisée, et toute prétention du CIJA à les représenter doit être considérée comme une fabulation. Entre 30 % et 50 % des Juifs et des Juives au Canada ont une opinion négative du gouvernement israélien, tandis que le CIJA soutient Israël inconditionnellement. Quarante-huit pour cent des Juifs et des Juives au Canada (73 % des partisan·e·s du NPD) croient par ailleurs que les accusations d’antisémitisme sont souvent employées pour faire taire les critiques légitimes d’Israël. Il est aussi important de noter que de nombreuses grandes organisations juives ont déclaré leur refus de la définition de l’IHRA, dont : le New Israel Fund, J Street, le judaïsme reconstructionniste, Americans for Peace Now et l’association rabbinique de défense des droits de la personne, T’ruah. De plus, c’est une chose pour un groupe de définir lui-même l’oppression qu’il subit, c’est une tout autre chose de mener des efforts de lobbying pour amener les autres à adopter cette définition, surtout lorsque ladite définition entraîne des répercussions négatives sur d’autres groupes qui subissent de l’oppression. En effet, l’instrumentalisation de la définition de l’IHRA est souvent chargée d’un fort sentiment anti-palestinien, anti-arabe et islamophobe.
Ce que prétend le CIJA : La définition de l’IHRA n’est qu’une recommandation et n’est pas juridiquement contraignante. Elle encourage la liberté d’expression et admet les critiques légitimes.
Notre réponse : Si la définition de l’antisémitisme utilisée par l’IHRA n’est rien de plus qu’une recommandation, pourquoi le CIJA a-t-il fait campagne pour l’enchâsser dans la loi en Ontario avec le projet de loi 168? En réalité, il existe des douzaines de cas où la définition de l’IHRA a été employée pour brimer l’expression de critiques à l’endroit d’Israël, le plus souvent dans des endroits où elle n’a pas été codifiée dans la loi. Ainsi, la définition de l’IHRA a un effet paralysant et conduit des individus et des groupes à s’autocensurer de manière déraisonnable lorsqu’il est question d’exprimer des critiques à l’endroit d’Israël, de peur d’être taxés d’antisémitisme.
Ce que prétend le CIJA : « Des douzaines d’administrations au Canada » ont adopté la définition de l’antisémitisme utilisée par l’IHRA.
Notre réponse : Ceci est carrément faux. La définition de l’IHRA a été adoptée dans huit municipalités de banlieue au Canada et par la province de l’Ontario. Son adoption a été rejetée ou mise de côté dans trois des principales villes canadiennes, soit Vancouver, Montréal et Calgary.
Ce que prétend le CIJA : On a observé au cours des quelques dernières années une augmentation consternante et effrayante des attaques à caractère antisémite à l’échelle internationale; et nous ne sommes pas à l’abri de ce phénomène sur le plan national.
Notre réponse : On ne peut pas comparer le degré d’antisémitisme violent qui existe aux États-Unis et ailleurs dans le monde avec la situation au Canada. Bien que l’antisémitisme, quelle que soit la forme qu’il prend, soit toujours complètement inacceptable, les crimes haineux violents contre la population juive au Canada est un phénomène marginal, et toute tentative d’occulter ce fait doit être comprise comme une volonté de déformer la nature et la gravité de l’antisémitisme dans ce pays. Des études révèlent que 84 % des crimes visant la population juive sont catégorisés comme « sans violence », et que la très grande majorité de ces incidents sont décrits comme des « méfaits » ou des « méfaits à l’égard de biens servant principalement au culte religieux ou utilisés principalement par un groupe identifiable » (souvent des graffiti). Ce qu’on omet souvent de mentionner est que le pourcentage de crimes haineux violents signalés à la police visant la population juive est beaucoup moins élevé que pour certains autres groupes. Tandis que 16 % des crimes haineux ciblant des personnes juives sont considérés comme violents, le taux de crimes haineux violents visant d’autres groupes est beaucoup plus élevé : 40 % des crimes haineux visant des personnes noires et 40 % des crimes haineux visant des personnes musulmanes sont classés comme des crimes violents.
Ce que prétend le CIJA : Ne pas vouloir politiser cet enjeu.
Notre réponse : L’instrumentalisation de l’antisémitisme pour étouffer les critiques d’Israël est indéniablement un geste politique, et toute prétention contraire de la part du CIJA relève de la mauvaise foi.